Humilié depuis plusieurs mois et mis à l'écart par Gérard Houllier, Safet Susic est de retour. Avec un seul objectif, sauver le PSG, menacé par la relégation en Ligue 2. Le joueur yougoslave, six ans après son arrivée à Paris, est sur le départ. En fin de contrat, il n'avait plus beaucoup d'espoir et patientait en tribunes, ou jouait avec l'équipe réserve au Camp des Loges jusqu'au naufrage du PSG au Parc des Princes contre Nice 0-4, le 30/04/1988). Alors Houllier, qui souhaitait un esprit commando pour sauver le club, a rappelé ses grognards : Jeannol, Martin, Xuereb... et Susic. Et le miracle espéré est arrivé. Le PSG, après une défaite à Metz (0-1) et une 19ème place au classement, a relevé la tête. Un point face à Auxerre, après avoir été longtemps mené au score (1-1) puis une victoire incroyable à Marseille, qui jouait le titre (2-1). Avec un but et une passe décisive pour Susic. Le Yougoslave avait prévenu quelques semaines plus tôt en déclarant, plein d'orgueil : "Le PSG se sauvera si je joue !". Avant le match contre Lens, un match de mal classés, Susic a enfin parlé : "Je n'ai jamais cessé de m'entraîner sérieusement dans l'espoir de réintégrer l'équipe pro. Je savais qu'un jour où l'autre on me rappellerait". Ce match contre Lens, préparait à huis clos à Clairefontaine, c'est le dernier pour Susic, alors en fin de contrat, son jubilé annoncé... Le programme officiel du club ne s'y trompe pas en titrant sobrement pour le numéro dix parisien : salut l'artiste...
Paris va jouer en Bleu, comme à Marseille, pour conjurer le mauvais sort. Le public a répondu présent, car le président Borelli a décidé de faire une opération portes ouvertes, avec tous les tickets gratuits. Malgré la pluie, 35.000 spectateurs sont venus assister au "show" Susic et ne vont pas être déçus ! Un déboulé de l'artiste yougoslave, une frappe détournée par le gardien lensoi et Xuereb ouvre le score (23eme). Dix minutes plus tard, après un une-deux avec Martin, Susic est fauché dans la surface de réparation, pour un second but sur penalty signé Calderon (33eme). Le public est debout quand une nouvelle passe sublime de Susic donne à Xuereb la balle du troisième but (37eme). Les Lensois reviennent au score, mais vont finalement perdre tout espoir en fin de rencontre, sur un but de Martin (82eme). Qui marque sur un centre en retrait parfait de Monsieur... Safet Susic ! le PSG s'impose 4-1 et devra ne pas perdre au Havre (les Parisiens s'imposeront 1-0) pour sauver sa place en première division. Le Parc scande le nom de Susic, porté en triomphe par ses coéquipiers. Le président Borelli a les larmes aux yeux pour parler de son joueur : "C'est un joueur d'exception, un grand professionnel, un homme d'honneur !" Ces marques d'amour vont profondément marquer Susic, qui garde un souvenir de ces instants : "J'avais décidé de partir à cause de tout ce qui s'était passé. Mais ce match face à Lens commençait à me convaincre que finalement, je pouvais bien continuer ainsi... Si je n'avais pas rejoué cette fin de saison, je crois que j'aurai arrêté le ballon. Je doutais, je commençais à croire que j'étais fini. Après ce match contre Lens, j'ai vu le président Borelli et il m'a demandé de resigner pour un an. Nous sommes vite tombés d'accord car j'aime trop Paris !"
Et Susic est reparti pour trois saisons dans la Capitale, échouant de peu pour le titre de champion de France un an plus tard... Toko, son ancien partenaire, définissait ainsi ce joueur exceptionnel : "C'était un artiste, il pouvait faire une passe entre le mur et la peinture... ! Quand le public du Paris criait lorsqu'un joueur était seul et démarqué, il décidait une autre option : c'était trop facile pour lui... C'était aussi un exemple pour tous ses coéquipiers : jamais un retard à l'entraînement, une hygiène de vie parfaite et aucune blessure..."
Malgré tous les artistes qui vous ont précédé, vous nous manquez, Monsieur Susic...
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