mardi 21 janvier 2014

6 mars 1999 : le jour où Jean-Louis Gasset a détesté le PSG...


6 mars 1999, au Parc des Princes. C'est un PSG en perdition qui accueille Montpellier en 8eme de finale de la Coupe de la Ligue. Alain Giresse, engagé comme entraîneur huit mois plus tôt, a été remercié. Le président Charles Bietry a lui aussi quitté son poste, remplacé par Laurent Perpère. C'est Artur Jorge qui entraîne une équipe divisée par des clans, avec  Marco Simone, Bernard Lama et les recrues Xavier Gravelaine et Mickaël Madar.

Quelques semaines plus tôt, Simone et Madar en sont presque venus au mains lors du match perdu contre Lyon (0-1) en championnat. Largués en L1, éliminés en Coupe de France, il ne reste que la Coupe de la Ligue pour sauver la saison, et une victoire contre Montpellier.


A dix minutes de la fin du match, tout semble perdu : les visiteurs, emmenés par l'ancien - Nicolas Ouédec - et le futur - Laurent Robert - mènent 2-0, avec deux buts signés Mahouvé et Silvestre. Jean-Louis Gasset, alors entraîneur de Montpellier, va se retrouver alors au centre d'une incroyable affaire au Parc des Princes.

On joue depuis 82 minutes et 41 secondes lorsque le défenseur de Montpellier Pascal Baills est expulsé pour un second carton jaune, après une faute sur le Brésilien Adailton. Baills quitte la pelouse sans se retourner dès qu'il voit l'arbitre mettre la main à la poche. Gasset décide alors de réorganiser son équipe en remplaçant un milieu de terrain - Delaye - par un défenseur - Madouni -.

Il prévient l'arbitre assistant, qui vérifie les crampons du nouvel entrant, puis si la sortie de Delaye a été effectuée. Les délégués lui signalent qu'ils n'ont pas vu sortir le joueur mais une voix provenant du banc de Montpellier s'élève alors pour dire que Delaye est déjà reparti aux vestiaires.


Incroyable erreur : l'arbitre ordonne la reprise du jeu - un corner pour Paris - Okocha centre et... Delaye, qui n'avait plus rien à faire sur la pelouse, repousse de la tête la tentative du Nigérian. Le joueur se tient le visage et l'arbitre assistant se rend compte que Montpellier joue à onze - et non à dix -, il prévient l'arbitre de cette incroyable erreur. Sur la pelouse, les Parisiens ont compris cette bévue ,Marco Simone et Eric Rabesandratana posent officiellement une réclamation auprès de l'arbitre. Après plus de 5 minutes de discussions, le jeu reprend mais le score n'évoluera plus.

Jean-Louis Gasset est fou de rage à la fin de la rencontre : "dès que Pascal Baills a été expulsé, j'ai prévenu les délégués. Je leur ai annoncé que Madouni allait remplacer Delaye, ils ont alors préparé leurs panneaux. Mais il y avait tellement de monde autour d'eux et de la zone technique réservée à l'entraîneur qu'une simple formalité a tourné à la confusion générale". De son côté, le président du PSG Laurent Perpère explique que le club a posé cette réserve "sans état d'âme". Gasset rétorque alors : "Il est stipulé que la faute technique doit avoir influé sur le résultat final de la rencontre. Sur le vu du match, dix secondes en plus ou en moins auraient-elles pu modifier le cours des choses ? Je suis certain que non".


On se gausse alors de ce PSG mauvais perdant, qui n'aurait pas l'indécence d'aller au bout d'une démarche et se couvrir de ridicule...

Et pourtant... Il faudra attendre le 18 mars - soit 12 jours - pour que la Commission centrale des arbitres juge irrecevable la réserve technique du PSG. Entre temps, Paris a encore perdu à domicile - contre Nantes - Artur Jorge a été viré à son tour, et remplacé par Philippe Bergeroo. Les dirigeants parisiens ont fait profil bas, à l'image du du DG adjoint du club, Jean-François Domergue : "Montpellier a gagné le match sur le terrain, il n'y a rien à dire. Chacun a pu s'exprimer devant une commission compétente, dans un débat loyal et courtois. Dans cette histoire, le club a fait son travail et il est peu probable que nous fassions appel. A un moment donné, il faut être lucide".

Montpellier élimine officiellement le PSG d'une coupe pour la première fois de son histoire - la seule au Parc des Princes en trois tentatives - après une affaire totalement inédite à ce jour dans l'histoire du club.

Ainsi s'achève une incroyable histoire dont le PSG ne tirera aucune fierté. Comme le précise alors Jean-Louis Gasset : "la morale sportive est sauvée."

Montpellier sera éliminé en demi-finale par Metz et Paris retrouvera des couleurs sous la direction de Philippe Bergeroo. Mais ça c'est une autre histoire...

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